Dans la cadre de la parution du guide « PME de services : Osez l’innovation! », nous vous proposons chaque vendredi le témoignage d’un entrepreneur qui nous raconte son projet.

Thierry Merquiol, fondateur de Wiseed.   Investir collectivement dans des start-ups

Secteur : Capital Risque / Web; Projet : plate-forme participative d’investissement; Effectifs : 6; Age : 4 ans ; Intensité technologique : moyen ; Majeure d’innovation : administration de service

Fondée en Avril 2008, Wiseed est une plate-forme participative ouverte aux particuliers qui finance des start-ups. Elle met en relation des entreprises en phase d’amorçage qui recherchent des fonds, avec des investisseurs. Ces derniers participent moins financièrement – à titre individuel – que des business angels*, mais cet effet est compensé par leur grand nombre : ce modèle s’appelle le crowdfunding, soit littéralement « financement par la foule ».

L’utilisation du web permet de présenter des projets à une nouvelle classe d’investisseurs en abaissant le ticket d’entrée, et en leur laissant le choix dans les projets qui les convainquent.

À ce jour, Wiseed a financé plus de 16 entreprises, et compte plus de 1 500 investisseurs actifs pour 7 500 inscrits. Elle emploie 3 personnes à temps plein (dont les fondateurs), et 3 personnes à temps partiel.

1       L’idée

Ayant exercé en tant que président de l’incubateur Midi-Pyrénées, Thierry Merquiol a noté la difficulté qu’ont les start-ups à lever des sommes comprises entre 100 000 et 500 000 euros. Par ailleurs, les investisseurs témoignent de moins en moins d’intérêt envers les produits de financement défiscalisants. La mutualisation de l’investissement tend en effet à éroder la prise de risques, les gains, mais aussi la dimension « humaine » du geste, le choix de projets prometteurs, etc.

Pour répondre à cette double promesse, Thierry Merquiol et son associé imaginent alors de transposer le modèle du crowdfunding au capital-risque en créant Wiseed.

2       La conception

Aucun service de crowdfunding n’existait véritablement dans le capital-rique, mais le modèle commençait à se populariser dans d’autres secteurs, notamment le domaine artistique avec le succès du chanteur Grégoire grâce à My Major Company, ou encore le micro-crédit de particuliers à particuliers.

Par ailleurs, en analysant les études scientifiques sur le sujet, les fondateurs de Wiseed s’aperçoivent que l’investissement présente aujourd’hui des limites : malgré leur expertise, les gestionnaires de fonds tendent à s’auto-influencer. À l’inverse, Wiseed part du principe vérifié que la « foule chante toujours juste ».

Un business model est alors conçu : Wiseed aide les start-ups à lever des fonds, et perçoit en échange un pourcentage du montant collecté. Parallèlement, elle percevra également un pourcentage de la plus-value réalisée lors du désinvestissement.

3       Le développement

Rassembler autant d’acteurs par investissement présente néanmoins des difficultés sur le plan juridique : gestion des ouvertures de capital, conseil d’administration, etc. Pour résoudre cette difficulté, Wiseed créé, lors de chaque financement, une société holding détenue par Wiseed et les investisseurs.

Sur le plan technique, après avoir externalisé sa plate-forme au démarrage, Wiseed en a internalisé le développement car considérant que le Web est une partie essentielle de son cœur de métier. D’abord réalisée sur les fonds propres de l’entreprise, Wiseed a par la suite effectué une levée de fonds auprès d’un large nombre d’investisseurs (44), notamment des family offices (fonds d’investissement familiaux).

4       La mise sur le marché

Pour faire connaître son produit, Wiseed compte beaucoup sur les relations publiques. Par exemple, après une interview de Thierry Merquiol à la radio, le nombre d’inscriptions sur le site a significativement augmenté.

Par ailleurs, la preuve du concept étant faite, un contexte réglementaire vis-à-vis de l’Autorité de Contrôle Prudentiel doit être constitué pour encadrer l’activité inédite de Wiseed.

Les dirigeants envisagent à termes d’étendre Wiseed à d’autres pays européens, permettant ainsi d’élargir tant la base d’investisseurs que de start-ups.