Home > Perspectives > De la manière de considérer son personnel

De la manière de considérer son personnel

C’est amusant comme deux informations diamétralement opposées peuvent se faire échos !

J’apprends, comme beaucoup d’entre vous, hier soir, la condamnation de Carrefour à payer environ 4 M€ pour avoir versé des salaires inférieurs au minimum mensuel garanti. Désabusé, je me demande comment une société du sacro-saint CAC 40 peut se comporter ainsi, si longtemps, sans éveiller aucun soupçon, sans qu’un voyant rouge du tableau de bord des RH du groupe vienne clignoter frénétiquement ! On établit des règles basiques de vie en société, et ce sont les entreprises érigées en modèle, celles qu’on envoie aux quatre coins du monde prêcher le bon capitalisme, les premières à les bafouer. Dur. Surtout que le subterfuge utilisé est loin d’être subtil : ne pas compter les pauses dans le temps de travail, sérieusement ?  Alors bien sûr, les marges sont faibles dans la grande distribution, la concurrence accrue, notamment avec les « discounters », mais en arriver à ces extrêmes-là n’est-il pas le signe que le modèle économique s’essouffle ? Qu’il faut innover pour renouer avec les profits ?

A l’opposé sur l’échelle de la considération du personnel, je tombe presque par hasard sur une remarquable initiative de La Redoute : 92 collaborateurs ont décroché un diplôme suite à leur VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) ! Voilà une manière bien plaisante de traiter ses salariés, ceux-ci ayant reçu en interne le soutien d’un parrain pour aller au bout de leur démarche. Il faut bien comprendre que le but recherché n’est pas simplement de faire « plaisir » aux collaborateurs. Grâce à cette initiative, l’entreprise améliore sensiblement son capital humain : d’une part la cohésion entre les équipes est renforcée par le système de parrainage, d’autre part le niveau général de formation des collaborateurs augmente significativement. En outre, chacun sait désormais qu’il peut être épaulé par son employeur ce qui favorise le sentiment d’appartenance et de partage de valeurs communes avec l’entreprise.

Que retenir de ces deux informations croisées ? Je dirais qu’aujourd’hui, il n’est plus possible (et tant mieux) de négliger son personnel. Mais attention, il ne faut pas se tromper de raison, ce n’est pas tant parce que de toute manière la législation finira par rattraper l’entreprise répréhensible, que parce qu’il est indispensable de privilégier son capital humain si l’on espère réussir dans un contexte mondialisé concurrentiel.

Bien qu’aucune corrélation ne soit démontrée, j’ai du mal à croire que ce ne soit qu’une coïncidence, à vous de juger !

Crédits des graphiques : Boursorama (Carrefour à gauche et PPR à droite)