Free Mobile : entre mauvaise foi des uns et opportunisme des autres
Il faut avoir vécu sur une autre planète cette semaine pour ne pas avoir entendu parler des nouvelles offres de Free pour le mobile. Sans débourser un euro, Illiad a habilement réussi à devenir le centre de l’attention « business » : par le biais d’affichages sur la télévision de ses abonnés d’une part, mais surtout par la vaste couverture médiatique de son lancement dans la presse. Et c’est sur ce point-là que je souhaiterais revenir : ce billet ne commente pas l’offre, mais les commentateurs de l’offre !
Les articles qui se sont succédés ces derniers jours – donnant de premières « analyses » des offres – m’auront quelque peu échaudé il faut croire, car je ne souhaitais pas écrire sur ce lancement. Et ce, pour une bonne et simple motivation : je suis prudent. Que nous dit l’épistémologie ? Qu’il faut observer avant d’analyser. Et qu’observons-nous ?
- Les offres coûtent moins cher
- Les offres sont lisibles (seulement 2)
- Le téléphone est acquis séparément, en laissant le choix au consommateur du vendeur du terminal
- La relation client se fait via Internet
Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep, ne dit d’ailleurs pas autre chose dans son interview aux Echos.
Si je synthétise cela en le rapprochant de notre métier, on constate une innovation marketing, une innovation dans la façon de délivrer le service, et probablement une amélioration de processus puisque le service est moins cher.
Point. Que peut-on dire de plus ? Pas grand chose. Or ce dont nous avons été témoins ces derniers jours relevait plus du cirque médiatique que de l’information. La critique qui revenait le plus souvent était l’absence d’offre intermédiaire, de 2 à 3 heures, entre l’offre budget à 2€ / mois et l’illimité à 20€. (vue dans LeMonde.fr et Rue89, mes deux principales sources d’information en ligne avec Les Echos et le Figaro).
Et je crois que c’est cette dernière réflexion qui m’a véritablement mis hors de moi. Cela traduisait pour moi la nécessité de couvrir un événément de consommation – possiblement un game changer très important dans un secteur impactant 97% des Français – en émettant des critiques ineptes pour se justifier d’un éventuel biais journalistique (l’actionnariat du Monde) ou pour améliorer son référencement sur les moteurs de recherche (tous les autres, dont je ne peux malheureusement m’exclure aujourd’hui sans hypocrisie). Créer une offre intermédiaire n’aurait aucun sens.
- Soit on est comme mon père (on ne sait pas envoyer de SMS, on appelle peu, et on utilise son téléphone pour faire ce qu’il fait d’ailleurs de moins en moins bien : téléphoner) et on opte pour un forfait à 2€.
- Soit on veut utiliser un smartphone, et on prend l’offre à 20€. La fonction créant l’usage, proposer de l’illimité modifiera la façon dont les gens ont recours à leur mobile… exactement comme notre usage d’internet a changé avec l’apparition des boxes, dont le précurseur était Free !
Alors certes, le mobile n’est pas subventionné. Votre ordinateur non plus n’est pas lié à votre forfait Internet.
Pas d’annonces concernant les possesseurs d’Alicebox ? C’est normal ! Les abonnés Alice sont en train d’être migrés sur les offres Free, depuis quelques semaines !
Le serveur du site sature le premier jour ? Il était de retour le lendemain ! D’ailleurs, avec quelle mauvaise foi l’on admire les ruptures d’approvisionnement chez Apple, et l’on critique celle d’un de nos fleurons national de la high-tech !
Cette façon de sauter aux conclusions m’attriste. Pour être honnête, je ne suis pas à titre personnel un fervent défenseur de Free : bien que client chez eux et très satisfait de la tarification, leur gestion de la relation client me hérisse parfois. Je suis par ailleurs client mobile d’Orange, où j’ai la relation inverse (excellent service, mauvais tarifs). Mon jugement, que je garde encore pour moi car j’attends de tester l’offre, n’est donc pas obscurci par une subjectivité quelconque.
Mais à l’intention des journaliste économiques : s’il vous plait, ne faîtes plus du remplissage de contenu éditorial en adressant des critiques infondées sur un service qui n’existe pas encore ! Prenez le temps de la réflexion…
[EDIT] Je viens de prendre connaissance de cet article publié sur le blog du Monde, et de ce post d’une riveraine de Rue89 dont je partage très largement le point de vue. Je salue l’honnêteté intellectuelle de ces deux sites d’information, qui ont la décence de proposer une discussion dialectique autour de la question.