Objectif zéro risque pour le travail à distance

A l’heure où la Silicon Valley appelle ses collaborateurs à revenir au bureau, nombreuses sont les entreprises françaises qui envisagent de pérenniser le télétravail. La pandémie n’a certes pas créé cette nouvelle pratique mais l’a fortement accélérée, au risque parfois d’en éclipser les facteurs psychosociaux…

Dans cet article, Alexandre nous donne 5 pistes de prévention pour maintenir le travail à distance sans perdre de vue le bien-être des collaborateurs. Avec, peut-être, une nouvelle formule « flexibilité » à la clé ? 

Alors que 79% des collaborateurs ont une opinion positive de la politique de télétravail au sein de leur entreprise selon le Human Transformation Index, cette pratique de travail à distance pourrait légitimement devenir la norme dans un avenir proche. Néanmoins, la gestion des risques psycho-sociaux engendrés par cette pratique devient un enjeu majeur à étudier avec attention afin que ces nouvelles méthodes de travail ne se révèlent pas contre-productives…

Mieux connaitre l’origine des risques psycho-sociaux liés au travail à distance 

L’environnement de travail est l’un des plus grands facteurs de risques pour la santé mentale des collaborateurs et peut ainsi générer du stress, des conflits, un épuisement physique allant jusqu’au burn-out. Reconstituer son poste de travail à la maison peut alors sembler un moyen efficace d’atténuer ces effets néfastes si l’on prend soin de bien séparer son espace de travail de ses espaces de vie.

Pourtant, les ressources et outils technologiques mis à la disposition des télétravailleurs ne sont pas toujours adaptés, et sont parfois limités : alors qu’ils sont garants du maintien de la relation à distance d’une équipe, leurs dysfonctionnements ou leur complexité peuvent au contraire accentuer l’effet d’isolement des collaborateurs.

La soudaine charge de travail et autonomie des collaborateurs deviennent eux aussi des points d’alerte. A distance, leur temps de travail peut être davantage rythmé par les sollicitations extérieures. Les collaborateurs ont également l’entière responsabilité de leurs décisions et de leur organisation en général, ce qui peut être source de créativité… comme de stress.

Enfin, la relation qu’entretient le télétravailleur avec son manager semble être le facteur de risques le plus courant car elle est l’articulation de tous les autres facteurs mentionnés jusqu’ici. La relation hiérarchique est mécaniquement différente à distance et doit nécessairement s’appuyer sur la confiance et la responsabilisation. Une communication approximative ainsi qu’une mauvaise formalisation des objectifs et de leur évaluation peuvent s’avérer contre-productifs et sources de stress pour les collaborateurs.

Face à tous ces risques psycho-sociaux, voici 5 pistes de prévention pour maintenir le bien-être de vos équipes à distance :

• Sensibiliser les managers sur le management à distance et l’empathie. Spotify illustre cette démarche dans son programme « Work from anywhere » dans lequel une formation à un management basé sur la confiance et non plus sur le contrôle a été dispensé à tous les managers.

• Organiser une communication régulière entre le télétravailleur et son équipe :
• 1. Un point hebdomadaire informel et individuel de 15 minutes à distance pour un retour d’expérience sur la façon dont est vécu le télétravail et l’équilibre vie professionnelle/vie privée. Bien que les collaborateurs soient incités à discuter librement de leur ressenti avec leur manager, avoir un point dédié les aide à se sentir plus légitimes que s’ils devaient eux-mêmes faire la démarche à chaque fois.
  2. Un point hebdomadaire en présentiel si possible avec l’ensemble de l’équipe pour formaliser les objectifs de la semaine ainsi que leur évaluation. Il est intéressant de formaliser un cadre de travail d’équipe décliné en objectifs individuels et partagé par tous. Ainsi, chacun peut mieux prioriser ses tâches, accepter ou refuser certaines requêtes.

• Rappeler aux collaborateurs les règles concernant la durée hebdomadaire du travail, l’importance de respecter des pauses et détecter le plus tôt possible tout excès. Microsoft associe le bien-être au travail à un sport à la fois individuel et collectif : le géant américain conseille à chacun de ses collaborateurs d’indiquer clairement son temps de travail pour optimiser la communication interne.

• S’assurer de la pertinence de chaque réunion et insister sur le cadre nécessaire à son efficacité. La « réunionite » est l’une des tendances les plus contre-productives du télétravail car les réunions deviennent chronophages et s’ajoutent au temps de production des collaborateurs sans que ces derniers n’en retirent des bénéfices avérés. Ainsi, l’instauration d’un cadre pour ces réunions est nécessaire pour identifier clairement les objectifs, les participants ciblés, les rôles attendus par chacun, les modes de diffusion ainsi que le suivi des actions décidées.

• Choisir des outils technologiques simples et s’assurer de leur bonne maitrise par l’ensemble des collaborateurs. Des collaborateurs qui passent du temps à comprendre le fonctionnement d’un outil ou à régler des problèmes de connexion sont plus rapidement lassés par leur travail et ont facilement tendance à se désengager.

Alors que l’horizon semble s’éclaircir d’un point de vue sanitaire, les entreprises restent encore dans le flou quant au meilleur mode de travail à adopter. Après l’euphorie du télétravail aux débuts de la pandémie, certaines font marche arrière et optent plutôt pour le travail flexible qui semble être aujourd’hui la solution idéale pour bénéficier des avantages du travail à distance, tout en préservant le bien-être des collaborateurs.