4 étapes pour transformer la vision en catalyseur de la quête de sens
A l’occasion de la réédition de notre livre blanc sur l’Expérience Employé en partenariat cette fois avec Supermood, nous avons mis en avant les 5 dimensions sur lesquelles chaque entreprise peut agir pour renforcer son attractivité et sa capacité à fidéliser ses collaborateurs. Ce livre blanc, que vous pouvez télécharger, donne les clés pour agir de façon concrète sur chaque dimension et les illustre à travers des business cases d’entreprises reconnues pour leur maturité sur le sujet.
Aujourd’hui, nous revenons à travers cet article sur la dimension « Vision », en s’appuyant notamment sur l’exemple de Decathlon qui montre à quel point une vision bien exploitée peut faire la différence.
La vision comme catalyseur de la quête de sens des collaborateurs
La crise sanitaire a eu un véritable impact sur le monde du travail. Pendant ces longs mois de confinement, une distanciation des employés avec leur entreprise s’est opérée à différents niveaux : géographique avec le télétravail, social avec la diminution des interactions entre les employés et temporelle avec une communication plus asynchrone entre les équipes.
Cette prise de recul a nourri les réflexions des employés qui se sont mis à se questionner sur les raisons profondes de leur appartenance à l’entreprise. Qui ne s’est jamais posé la question pendant ces longs mois de confinement : « Est-ce que je travaille vraiment pour une entreprise qui me correspond ? ». Et aujourd’hui, force est de constater que les priorités des collaborateurs ont changé, et que le salaire ne suffit plus à les motiver et les engager.
Cette prise de recul des collaborateurs doit être vue comme un signal pour les entreprises afin qu’elles-mêmes prennent du recul pour (re)définir les raisons profondes de leur existence actuelle et future. Au-delà de la simple recherche de profit ou de croissance, qu’est-ce qui fait que votre entreprise existe et doit continuer d’exister demain ?
Les 4 étapes pour bénéficier d’une vision efficace au sein d’une entreprise, et le cas Decathlon
Eh oui, si Decathlon figure depuis maintenant 12 ans dans les premières places du classement Great Place to Work 2022, c’est notamment parce qu’ elle a su définir et décliner une vision pleine de sens à l’ensemble de ses collaborateurs. Depuis sa création en 1976, Decathlon a toujours mis en avant sa philosophie d’entreprise “responsabilisante” en croyant profondément en l’Homme et en sa capacité à se développer et prendre ses responsabilités pour transmettre la passion du sport.
Pour bénéficier d’une vision pertinente, 4 grandes étapes sont nécessaires :
- Formaliser
Une vision ne consiste pas à choisir des mots qui peuvent sonner creux et que chaque entreprise aurait pu choisir. Toutes les entreprises pourraient se définir comme bienveillantes, innovantes, accueillantes. Formaliser une vision, c’est faire un choix parmi plusieurs bonnes directions et prendre le temps d’identifier les renoncements liés au choix de cette vision plutôt qu’une autre.
En mettant le concept de responsabilisation à tous les étages de l’entreprise, Decathlon a pris conscience des conséquences liées à cette vision : un renoncement du pouvoir hiérarchique donné au manager, une complexification de la prise de décision ou une nécessité d’accepter le droit à l’erreur à tous les niveaux de l’entreprise. Il faut en prendre conscience pour accompagner au mieux les collaborateurs sur ces différents enjeux.
- Communiquer
Une vision formalisée n’est efficace que si elle est connue par les collaborateurs. L’enjeu pour une entreprise est de faire en sorte que tous les collaborateurs, peu importe leur localisation, leur métier, leur ancienneté puissent avoir accès à la vision de l’entreprise et la comprendre parfaitement. Et le choix des mots ici est ici très important pour traduire cette vision d’entreprise responsabilisante. Par exemple, chez Decathlon :
– On ne parle pas de « droit à l’erreur » mais de « devoir d’essayer » ;
– On « partage l’information » plutôt que de la « descendre » ou la « remonter » ;
– On parle de « collaborateurs » et non de « salariés » pour sortir de la relation simplement transactionnelle entre un employé et son employeur.
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Quelles sont les 10 bonnes pratiques pour engager durablement vos collaborateurs ? Pour les connaître, téléchargez notre livre blanc 2022 sur l'Expérience Employé réalisé en collaboration avec Supermood.
- Convaincre
Les collaborateurs de votre entreprise peuvent comprendre votre vision, et pour autant ne pas y adhérer. Les convaincre, c’est s’assurer que chacun d’entre eux, au-delà de simplement connaître votre vision, soient alignés avec les messages véhiculés et prêts à la défendre auprès d’autres personnes au sein ou en dehors de l’entreprise. Et avoir des collaborateurs convaincus par votre vision, c’est bénéficier de collaborateurs convaincants qui deviennent de véritables ambassadeurs de votre entreprise.
Decathlon ayant toujours souhaité transmettre les valeurs du sport, leurs futurs collaborateurs sont parfois recrutés pendant une partie de sport. Au-delà de leurs compétences professionnelles, l’entreprise cherche ainsi à embaucher de véritables passionnés de sport qui sont capables de transmettre à tous les clients leur passion, notamment via la vente d’articles.
- Mobiliser
Même si un collaborateur connaît et adhère à la vision, bénéficier d’une vision efficace nécessite de créer les conditions afin que tous les collaborateurs puissent aider l’entreprise à atteindre la vision définie.
Decathlon a par exemple mis en place plusieurs initiatives pour responsabiliser l’ensemble de ses collaborateurs, et ancrer sa vision dans la réalité du quotidien :
– Des entretiens mensuels entre les collaborateurs et leur manager, où c’est au collaborateur de dire comment il souhaite se développer, le manager ayant un rôle de coach pour faciliter les souhaits du collaborateur;
– La mise en place de rôles que le collaborateur peut occuper jusqu’à 20% de son temps: un vendeur peut ainsi réaliser des activités RH, et inversement.
La vision doit être adaptée à la réalité plurielle des entreprises
Rassembler autour d’un but commun n’enlève en rien les différences intrinsèques des employés au sein d’une entreprise. De par notre histoire, nos précédentes expériences, notre entourage, notre pays, nous avons chacun nos façons de réagir qui nous différencient sur nos besoins, nos ressentis et notre manière de percevoir la vision de notre entreprise.
Dès lors, comment imaginer qu’une vision générique puisse suffire à engager et mobiliser l’ensemble des collaborateurs ? Pour être réellement efficace, une vision doit être adaptée et déclinée pour coller aux différentes réalités au sein des entreprises :
– Adapter géographiquement : prendre en compte les différences culturelles et de contexte en fonction des régions/pays/sites, et ajuster la communication de la vision et les initiatives associées;
– Adapter par équipe : faire en sorte que l’ensemble des départements aient une vision claire de leur rôle à jouer à moyen et long-terme dans l’accomplissement de la vision;
– Adapter temporellement : dans un monde où l’on reste de moins en moins longtemps dans la même entreprise, il est nécessaire que chacun comprenne comment il peut apporter sa pierre à l’édifice même à court-terme.
Vous l’avez compris, pouvoir véritablement s’appuyer sur une vision d’entreprise n’est donc pas chose aisée. Les entreprises doivent prendre le temps de bien réfléchir à leurs orientations et les impacts que cela aura sur leurs collaborateurs, qui doivent eux-mêmes être pleinement convaincus pour aider l’entreprise à avancer dans la bonne direction. Chaque collaborateur étant différent, la vision doit être adaptée aux réalités plurielles de l’entreprise pour être impactante et maximiser l’engagement de ses équipes.
Maxime Chevallet
Manager